dimanche 21 juin 2009

Antoni Tapies (1923-....)


Antoni Tàpies est un peintre catalan né à Barcelone en Espagne en 1923. Il est considéré comme un des plus grands peintres de la seconde moitié du XXe siècle.

Antoni Tàpies est né le 12 décembre 1923 à Barcelone, d'un père avocat et d'une mère issue d'une famille d'éditeurs et de marchands de livres. Il développe très jeune des talents artistiques, mais il suit les conseils familiaux et fait des études de droit, continuant cependant à peindre et à dessiner durant cette période.

Il suit des cours de dessin avant de se consacrer à la peinture en 1946. Il fait des copies à l'huile de tableaux de Van Gogh et de Picasso. En 1948, il est cofondateur du mouvement Dau al Set, proche des mouvement Dadaïste et Surréaliste et dont l'âme est le poète catalan Joan Brossa. En 1949, il rencontre alors Joan Miró, qui l'influence énormément.

Sa première exposition personnelle a lieu en 1950 à la Galerias Layetanas de Barcelone. Il se dirige rapidement vers l'abstraction et, bien avant l'"Arte Povera", intègre des matériaux non académiques dans ses travaux. Ainsi, à partir de 1953 il est un des premiers à donner ses lettres de noblesses au mélange des matériaux, ajoutant de la poudre d'argile et de marbre à sa peinture, utilisant le papier déchiré, la corde et des chiffons.

Dès le milieu des années 1950, sa renommée devient internationale. A partir des années 1970, il intègre dans ses œuvres des matériaux plus volumineux, tels que des pièces de mobilier. Dans les années 1990, il collabore avec Estéfano Viu, Maximiliano, Eduardo Chillida et de nombreux autres artistes. Les idées de Tàpies ont eu et conservent une influence importante sur l'art, particulièrement en peinture, sculpture, gravure, lithographie,... Ses œuvres se trouvent désormais dans toutes les grandes collections mondiales.



Antoni Tàpies - Philosophie, musique, littérature et, plus tard, textes scientifiques ont dès l'enfance fait partie de ma formation. Mon père possédait une bibliothèque importante. C'était un libre-penseur, très aigu. Ma mère était très religieuse. Chez nous, il y avait des discussions, des réunions, des lectures. Mais les circonstances politiques et économico-sociales en Catalogne ont également beaucoup compté : guerre civile, puis dictature franquiste. Conséquence de la guerre, une longue maladie m'imposa longtemps le lit : cela me permit de lire, d'écouter de la musique, en un mot de jouir de la culture européenne de l'époque.

Que souhaitez-vous provoquer chez celui qui regarde vos toiles et vos sculptures ?

Un changement d'attitude. Qu'il se tourne vers sa conscience la plus profonde et échappe à l'ignorance et à la banalité qui submergent malheureusement le monde occidental. Mais mon sens du tragique et du spirituel n'exclut ni l'amour ni l'humour.

De quels Anciens vous sentez-vous proche ?

De ceux qui ont donné un sens magique, même curatif, à l'art. Des peintures préhistoriques comme des civilisations égyptiennes, chinoises, japonaises, à leur apogée. La culture occidentale moderne a engendré tant de drames et de douleurs, que je ne peux que lui être rebelle : d'où mon intérêt pour les arts d'Asie, d'Afrique et d'Amérique précolombienne. De l'Occident je retiens surtout la rupture des premières avant-gardes, le dadaïsme, le surréalisme et l'émergence de moyens d'expression propres comme l'abstraction.

Que pensez-vous avoir apporté à l'histoire de l'art ?

Posez la question à un historien de l'art ! Voyez cependant mes Images de murs : elles synthétisent mon désir d'en finir avec une conception purement descriptive de l'art, ma volonté de conférer à l'oeuvre une autonomie propre, de l'«objectualiser», de la rendre au champ de la matière.

L'austérité de votre oeuvre relève-t-elle de la mystique ?

Vouloir donner de l'univers une vision profonde et globale est sans doute une attitude mystique. Je suis ainsi familier de Raymond Lulle (poète, philosophe et scientifique de langue catalane du XIIIe siècle), sage autant que mystique - mais aussi homme d'action. M'ont aussi beaucoup influencé les écrits de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d'Avila. (Source : Entretien in Figaro Magazine, 2007).