Fils d'émigré Italien, John Fante naît au Colorado, États-Unis, en 1909, au sein d'une famille croyante et conservatrice. Son enfance de gamin des rues turbulent se fera au sein d'une école Jésuite, où Fante découvrira douloureusement le besoin de liberté, la sexualité, et l'écriture. Il commence à écrire très tôt et, si on en croit ses romans autobiographiques, se montre comme un enfant particulièrement sensible, enflammé, charismatique et avide de la beauté du monde. Ses premières nouvelles attireront l'attention du célèbre H.L. Mencken, rédacteur en chef de la prestigieuse revue littéraire The American Mercury, qui publiera régulièrement la prose du jeune Fante et gardera même une correspondance de 20 ans avec le jeune écrivain.
Son premier roman Bandini, parait en 1938. Largement autobiographique, on y suit les pérégrinations du jeune Arturo Bandini, fils d'immigrés Italiens, habile rhéteur, manipulateur, joueur et jouisseur, qui cherche à se faire une place au soleil. L'œuvre est habile, élégante, et montre un Bandini/Fante sûr de lui et de sa folie. Ceci est bien en adéquation avec la personnalité de Fante : menteur, joueur... Il n'a pas hésité ici, comme il ne cessera de le faire, à travestir la réalité, pour lui donner plus de substance, plus de goût, plus de puissance. Et l'effort marche à merveille : Bandini est un héros inimitable, border-line, toujours à chercher l'extrême et la nausée dans ses envies : l'art, la philosophie, les femmes. Bandini constitue le premier quart d'un cycle autobiographique constitué de La route de Los Angeles, Demande à la Poussière, et beaucoup plus tardivement de Rêves de Bunker Hill. A l'époque de Demande à la poussière (1939), Fante est encore un gamin torturé et impulsif, qui s'est installé dans un petit hôtel tenu comme une pension de famille par une dame patronnesse. Fante vit alors seul, envoie de l'argent à sa mère dès que tombe un cachet de l'American Mercury, prophétise le monde, et reste sans cesse tendu entre deux abîmes : les femmes et la littérature.
Fante épouse en 1937 une jeune et belle éditrice, Joyce, puis publie Plein de Vie dont le succès lui ouvrira les portes d'une carrière de scénariste à Hollywood. Cette carrière fut vraisemblablement alimentaire pour Fante, qui regrettait la cruauté bruyante de son travail de romancier. Il ne quittera cependant jamais ce dernier, dictant encore à sa femme Joyce les épreuves de Rêves de Bunker Hill à 74 ans, aveuglé par des complications de son diabète. Fante eu quatre enfant, dont l'écrivain Dan Fante.L'œuvre de John Fante est marqué par le goût de l'excès, de la provocation, de la remise systématique en cause des certitudes, des conventions. Là où d'autres gosses font ce qu'on leur dit quand on leur demande de ne pas s'approcher de la fenêtre, Fante saute. Ce même besoin de goûter la vie ad-nauseam s'est reproduit tout au long de son existence, avec des situations de chaos permanent. John Fante / Bandini était un homme joueur, impulsif, et toujours effrayé à l'idée de passer à côté de la moëlle de la vie, angoissé par le train-train ronflant des gens heureux. Ce besoin de saveur a précipité l'auteur comme le personnage dans une vie troublée, infiniment riche, mais aussi invivable pour ses proches.
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