dimanche 21 juin 2009

Pierre Alechinsky



Né à Bruxelles le 19 octobre 1927. Dans les années trente, on oblige l’enfant gaucher à écrire de la main droite. La gauche, sa meilleure main, les éducateurs la lui laisseront pour les travaux "de moindre importance" : le dessin... Échec scolaire consommé, il suit de 1944 à 1948 les cours d’illustration et typographie — l’architecture du livre — à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs : La Cambre. Indépendamment, Alechinsky se met à la peinture en 1946 et, l’année suivante, entre au groupe Jeune Peinture Belge. Première exposition personnelle à Bruxelles, galerie Lou Cosyn, lieu où vont et viennent Camille Goemans, Marcel Lecomte, René Magritte.

En mars 1949 il rejoint Cobra, mouvement créé à Paris en novembre 1948. Ses fondateurs — Karel Appel, Constant, Corneille, Christian Dotremont, Asger Jorn, Joseph Noiret — prônent la liberté, la spontanéité, l’expérimentation. À Bruxelles, Alechinsky crée pour Cobra un Centre de Recherche dans une maison communautaire, les Ateliers du Marais. Cobra se dissout en 1951. Pierre Alechinsky et son épouse Michèle Dendal (Micky) s’installent à Paris. Il perfectionne sa technique de graveur à L’Atelier 17, auprès de Stanley William Hayter. Le gaucher y développe une dynamique naturelle : l’écriture inversée de droite à gauche. Le spectacle de la calligraphie extrême-orientale ouvre des perspectives. Le peintre Walasse Ting lui montre une manière chinoise de manier le pinceau, le papier sur le sol, l’encrier à la main et tout le corps en mouvement. En 1955 : voyage en Extrême-Orient. À Kyoto il réalise un film documentaire, Calligraphie japonaise.

Dans les années 1960 et 1970, nombreuses collaborations avec des amis peintres et écrivains : peintures « à quatre mains » avec Walasse Ting, "à trois pinceaux" avec Jorn et Ting ; dessins-logogrammes "à deux pinceaux" avec Dotremont ; encres avec Appel pour lesquelles Hugo Claus composera Zwart : poèmes et comptines. Jean Paulhan, en 1964 dans un numéro de La NRF, lui publie un texte : Déplacement, 1965 : Central Park, son premier tableau acrylique à "remarques marginales". André Breton choisit Central Park pour L’écart absolu : "XIéme (et dernière) exposition internationale du Surréalisme". Alechinsky abandonnera progressivement l’huile pour ce nouveau médium qu’il utilise sur papier à maroufler sur toile, de préférence des papiers d’Orient mais aussi des papiers d’un autre temps — documents manuscrits, registres, cartes de navigation : feuilles de rêve pour le "pinceau voyageur".
Développant un art librement descriptif allant du visage au monstre ou d’un fourmillement à l’amplitude, il aborde le grand format. Quelques œuvres monumentales : un mural avec Dotremont pour le métro de Bruxelles, station Delta ; le salon d’accueil (murs, plafond et tapis) au Ministère de la Culture, Paris ; les murs et impostes de la rotonde reliant l’Hôtel de Lassay à l’Assemblées Nationale ; un mural en laves émaillées au Silkeborg Kunstmuseum, Danemark. Nombreuses expositions à la Lefebre Gallery, New York (17 de 1960 à 1986). Alechinsky entre à la Galerie Maeght en 1977 — laquelle deviendra Galerie Lelong dès 1982. Un premier catalogue raisonné : Pierre Alechinsky - Les estampes (601 répertoriées de 1946 à 1972) paraît chez Yves Rivière. En 1981 A Print Retrospective au MoMA, New York. Durant les années 1980 et 1990 apparaissent les peintures avec estampages de plaques d’égouts, grilles d’arbres et bancs : "pièces du mobilier urbain" prélévées à même les rues de diverses villes — Arles, Bruxelles, Paris, Pékin, New York, Rome... Ses textes de "peintre écrivant" sont publiés chez Denoël, L’Échoppe, Fata Morgana, Galilée, Gallimard, Mercure de France, Skira. En bibliophilie, il accompagne des ouvrage de ses contemporains : Yves Bonnefoy, Michel Butor, Roger Caillois, E.M. Cioran, Christian Dotremont, Eugène Ionesco, Gérard Macé, Joyce Mansour, Pierre Michon, Marcel Moreau, Louis Scutenaire, Salah Stétié, Jean Tardieu... Et quelques classiques : Apollinaire, Balzac, Cendrars, Jarry... En 1977 il reçoit le Prix Andrew W. Mellon pour l’ensemble de son œuvre, assorti d’une rétrospective au Carnegie Institute, Pittsburgh ; à Paris en 1984 le Grand Prix National des Arts. Margin and Center : ses peintures de 1965 à 1986, « à remarques marginales » et prédelles, font l’objet d’une exposition au Solomon R. Guggenheim, New York, 1987. Rétrospective à la Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris 1998. Alechinsky - The Complete Books, "A Reasonable Catalogue" chez Ceuleers & Van de Velde, Anvers 2002. Ses donations au Mnam forment un ensemble : Dessins de cinq décennies, Centre Pompidou, Paris 2004. Les Impressions de Pierre Alechinsky (livres illustrés, estampes) à la BnF, Paris 2005. Alechinsky - Sources et résurgences, exposition thématique conçue par Daniel Abadie à la Maison René Char, L’Isle-sur-la-Sorgues 2006. Dans la collection Les Cahiers dessinés : Peter et Pierre, 40 ans de lithographies avec Peter Bramsen, Buchet-Chastel, Paris 2007. Alechinsky - Les Affiches :165 répertoriées, la plupart lithographiques, Ides et Calendes, Neuchatel 2007. Même année, pour ses 80 ans : Alechinsky de A à Y, rétrospectiveaux Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles. Alechinsky - Pavane pour Octavio Paz, Instituto de México, Paris 2008.