Professeur au Bauhaus depuis 1920, Paul Klee y déploie une activité considérable. Il y renonce en 1930 pour prendre un poste à l'académie de Düsseldorf, mais, en 1933, quittant l'Allemagne, il retourne à Berne. C'est à cette époque qu'il s'imprègne de l'influence de Joan Miró et de Max Ernst , qu'il avait lui-même d'abord influencés. Sa curiosité s'étend aux marionnettes, aux arts premiers et même aux travaux des aliénés – sans qu'il soit toujours aisé de distinguer ce qui relève chez lui de la convergence ou de l'emprunt. Il y aura encore, de 1930 à 1940, des « écritures secrètes », où l'influence des caractères arabes se mêle peut-être à la curiosité typographique, et, vers 1937, une série de toiles envahies par des « barres minces » alternant avec des « barres cernées », qui sont comme des échos affaiblis du somptueux désordre de la joaillerie orientale. Peintre de l'humour – notamment dans plusieurs portraits de clowns –, Paul Klee devient celui de l'angoisse au moment où il constate les premiers signes d'une forme mystérieuse de maladie de la peau qui se déclarera en 1935 et où, d'autre part, il fait partie des artistes dont les œuvres figurent à l'exposition dite d'« Art dégénéré » que les nazis organisent à Munich en 1937. Dans les pastels et les toiles (de dimensions croissantes) qu'il exécute alors, des personnages schématisés, réduits parfois à des termes d'équations, ou filiformes, se croisent en tous sens sur des fonds terreux ou colorés, quand ils n'envahissent pas presque toute la surface de la toile, sous la forme d'un monstre faussement rassurant (Chant d'amour à la nouvelle lune, 1939, Centre Paul-Klee, Berne). S'il revient aussi aux « carrés magiques » et s'il renoue avec sa veine poétique (Mine grave, 1939, ibid.), l'image de la mort s'impose à lui avec de plus en plus d'insistance (Obscur Voyage en bateau, 1940, ibid.).
Paul Klee, dont la célébrité sera un fait acquis à l'échelle mondiale dès 1946, laisse un captivant Journal (1898-1918) de même que d'importants écrits théoriques et pratiques. C'est au début des années 1920 qu'apparurent les premiers motifs linéaires dans l'œuvre de Paul Klee. Quelle que fût l'économie plastique dont ce dernier ait fait preuve – sa « technique « enfantine » », selon le mot de Marcel Duchamp qui l'admirait tellement –, il est loin d'offrir l'exemple de l'artiste qui se fie à son instinct. Au Bauhaus, il commençait ses cours par des considérations d'ordre scientifique et, dans ses écrits, il s'est toujours montré à l'affût de principes analogiques visant, notamment, à rapprocher l'activité artistique des processus cosmiques et biologiques.
Sur un autre plan, Paul Klee avait gardé de sa jeunesse une vraie passion de la musique. Ainsi, il comparait le dessin au tracé des portées sur la partition. Il disait aussi que la couleur « fredonne plus qu'elle ne chante », faisant par là allusion aux teintes matériellement fragiles pour lesquelles il avait une prédilection. (Source : Larousse).
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