samedi 20 juin 2009

Les sept péchés de Marianne Faithfull


Egérie des sixties, Marianne Faithfull connaît une évolution esthétique singulière. Brisée un temps par la drogue, sa carrière prend un tour nouveau à partir des années 1980. Prenant ses distances avec le rock, elle aborde progressivement des répertoires nouveaux : le jazz, le swing, le blues.... Sa « rencontre » avec Kurt Weill s’inscrit sous le signe de ce renouvellement. Faithfull chante pour la première fois un titre de Weill, Was bekam des Soldaten Weib ? dans le cadre d’un album collectif du producteur Hal Willner, Lost In The Stars : The Music of Kurt Weill. L’univers harmonique du compositeur allemand la séduit. Son album suivant, Strange Weather, sorti en 1987, s’imprègnera ainsi des couleurs sombres et caustiques de la musique weimarienne.
Depuis, Marianne Faithfull s’est imposée comme l’une des plus grandes interprètes weillienne de notre temps. Elle joue le rôle de Jenny dans L’Opéra de quatr’sous en 1993 et consacre l’essentiel de son album Twentieth Century Blues aux chefs d’œuvre de Kurt Weill et de Bertolt Brecht. Outre Weill, la francophilie est l’une des grandes passions de Faithfull : « Je me sens chez moi en France, sans doute parce que j’y ai toujours été bien accueillie ». Elle réunira en quelque sorte ces deux passions le 6 juin, en incarnant Anna dans Les Septs péchés capitaux au sein d’une des plus prestigieuses salles parisiennes : la Salle Pleyel. Dernière création de l’association Brecht-Weill, Die sieben Todsünden furent créés à Paris le 7 juin 1933. Il s’agit d’un ballet en huit parties (les sept péchés puis un épilogue final) qui relate l’itinéraire de deux sœurs dans diverses villes des Etats-Unis. A partir de ce canevas assez général, Brecht brosse une critique sévère de la religion et du capitalisme, un quatuor d’hommes relayant sur un mode parodique les divers dogmes de la doxa conservatrice. Déjà interprétés par Faithfull en 1998, ces Sept péchés capitaux mettent pleinement en valeur sa voix profonde et délicatement rocailleuse. Dirigeant le Bruckner Orchester Linz, le chef d’orchestre américain Dennis Russell Davies donnera en première partie de soirée deux œuvres particulièrement représentative de son répertoire : L’Oiseau de feu de Stravinski, et Music For The Theatre de Copland.